LA PAMPA
La petite rue de la révolution française, dans le vieux Perpignan, serpente jusqu’à une minuscule place au milieu de laquelle on trouve un vieux puits orné d’une salamandre en bronze sur une charpente en ferronnerie. Magnifique. Autour de cette petite place pavée, quelques bancs publics où viennent prendre le frais quelques gitans du quartier Saint JACQUES, que l’on découvre en remontant une petite ruelle sur la droite.
Avec les beaux jours, le quartier s’anime de discussions, on s’interpelle, on se chamaille, les mômes courent partout, sous le regard fatigué des mamans qui renoncent à les calmer.
De la terrasse du Pampa on profite de cette vie de quartier, entre noria de poussettes et passages bruyants d’ados en goguette. Ça vit, ça bouge.
Nouveau lieu ce Pampa.
C’est Theo qui nous accueille, le jeune fils du patron, un beau ptit gars qui débute. Maladresse touchante du gafet qui veut trop bien faire mais qui a tout à apprendre.
Il nous propose un verre de cava qu’il sert en remplissant un quart de verre. On le rappelle pour être un peu plus généreux. Gentiment. Il s’exécute en s’excusant. Le Cava servi est de premier choix.
Le Patron, Pablo, est un Uruguayen à qui l’amour d’une française a fait abandonner la réalisation de téléfilms pour se mettre aux fourneaux en France.
Il nous propose 3 formules (ici pas de carte, on mange une cuisine du marché) en 2, 3 ou 5 plats. Ça va de 26 à 39 euros.
J’opte pour une formule 3 plats.
Pablo me fait visiter sa cave et me propose un petit grenache blanc qu’il vient de rentrer. Belle cave, locale, courte mais alléchante.
Le grenache sera parfait avec nos choix.
Premier plat : un céviche de cabillaud, rougail de mangue sauce jeunes tomates.
C’est frais, coloré, pimpant. Pimenté juste assez, bien équilibré, et les éclats de tortilla apportent le petit croquant qui va bien. Ici pas de surcuisson au citron du poisson, ce qui est souvent le défaut des ceviches servis en restauration, pour des raisons de préparation anticipée. La lime est juste présente sans emporter le palais. Il y a de la mâche et du peps. C’est bon.
Deuxième plat : poitrine crispy « à las brasas » sauce chimidoori.
L’usage du mot « crispy » m’agace au plus haut point, charabia anglobélant tout à fait inutile. Qu’ont donc les restaurateurs contre le magnifique mot de « croustillant » ? Il est aussi puissamment sonore que crispy non ? Alors ?
Bref, le patron propose à ceux que le cochon défrise, une alternative avec un osso-buco aux carottes. Un bon point. Banco, on fera moitié moitié.
La poitrine croustille en effet de belle manière et la sauce chimidoori (variation sur la célèbre sauce argentine chimichuri) que je craignais très piquante est au contraire très douce, suave, et apporte la rondeur nécessaire. Ce n’est ni trop gras ni trop lourd, les morceaux de travers de porc étant bien choisis.
L’osso- bucco sans être exceptionnel, est parfaitement bien cuit, fondant et goûteux. Un plat un peu banal mais parfaitement honnête.
Troisième plat : bonbon d’épinard, shitakés et parmesan.
Je ne suis pas très client des feuilletés, mais je passe outre. Le feuilletage est généreux (trop peut être) mais dans la garniture, le shitaké disparaît, et le parmesan a pris la poudre d’escampette. Ça croustille, ça s’effrite, ça se mange avec les doigts. Je reste à la porte, mais mes compagnons se régalent. Bon ça doit être moi qui suis à côté de la plaque.
Comme j’ai encore faim, pour 8 euros ( mais le patron me l’offrira finalement) je prend le dessert , une nocciola, sauce dulce de leche.
La nocciola est une éponge à la noisette, posée sur un dulce de leche (confiture de lait) avec une boule de glace surmontée d’une fleur. La petite génoise éponge est parfaite, avec des éclats torréfiés de noisette, bonne consistance en bouche, accord parfait avec le crémeux de la glace vanille et le sucre (juste ce qu’il faut) de la confiture de lait. Seul bémol, la maison a été un peu chiche avec le dulce de leche (rupture de stock ?) et c’est un poil trop sec. Sinon l’ensemble est plus qu’honnête.
En résumé, une table intéressante, en devenir, prometteuse, mais qui doit encore faire quelques réglages pour être sans reproche. Le patron, sincèrement ouvert aux suggestions, curieux et désireux de faire avancer son établissement, sera j’en suis sûr à la hauteur, dans le contexte difficile dl’un centre ville perpignanais sinistré.
Cet établissement familial, qui est par ailleurs très cosy (voir diaporama), fait de l’accueil et de la convivialité un de ses point forts. C’est à noter, dans un monde de la restauration perpignanaise ou l’accueil du client relève plus de la levée d’écrou que de l’hôtellerie et où les patrons ont le charisme d’un ursidé en réveil d’hibernation.
Nous discutons avec Pablo et Elsa qui tiennent la maison,
Pablo : « Nous sommes des amis avant tout!
D'origines différentes, nous nous sommes rencontrés autour d'une table, à Montevideo...
Nous cuisinons ensembles des produits bien locaux avec des saveurs bien d'ailleurs - l'accent de nos terres d'Amérique latine, l'Uruguay et Argentine - mais aussi de l'Italie ou de l'Océan Indien...
En cuisine et en salle, nous aimons créer des petits plats qui représentent nos voyages et nos coups de coeur ; partager ce "melting pot" est notre passion.
Pas de carte donc, mais des formules qui permettent de goûter et de changer très souvent.
Nos vins sont bio ou nature, et proviennent tous de Catalogne Nord ou Sud. La carte change régulièrement au gré des saisons et des rencontres.
Elsa : « j'ai créé l'antenne des disciples d'Escoffier en Argentine et en Uruguay (avec 80 % de femmes en général c'est plutôt 10 %), et j'ai travaillé en Argentine et Uruguay pendant plus de dix ans entre restaurants pop ups événements, cours de cuisine, table d'hôte et événements gastronomiques, j'avais aussi des chroniques presse et radio pendant tout ce temps entre les deux pays... »
LA. PAMPA
06 61 56 85 91
17 Rue de la Révolution Française
66000 Perpignan
France
https://pampa-perpignan.business.site/?utm_source=gmb&utm_medium=referral
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